Centre Culturel Una Volta

Signadore est une exposition collective dont la scénographie immersive plonge le public dans l’univers de la sorcellerie, de l’ésotérisme et du magico-religieux. Les albums sélectionnés proposent une lecture variée du thème, de la fantasy au récit apocalyptique, avec ce trait commun de compter de nombreuses figures féminines.
Les différents récits permettent d’explorer les notions de rejet social de formes de vie marginales, de toutes tentatives de subversion à l’ordre établi ; ils sondent un rapport humain à la nature dévoyé par une société utilitariste et le besoin de construire une communauté basée sur le soin, comme facteur vertueux d’émancipation.
Les héroïnes de l’exposition luttent toutes pour leur liberté. La jeune femme d’Emkla (Peggy Adam) se heurte aux dogmatismes des habitants de son village : elle décide de fuir pour tenter de survivre aux calamités qui s’abattent soudainement sur eux.
Le destin des Filles de Salem est malheureusement bien connu : Thomas Gilbert met à jour les ressorts de leur mise au ban de la société, puis de la sentence de mort prononcée lors d’un procès dévoyé par des enjeux de pouvoir.
Ongle et Pluie (Ils brûlent, Aniss El Hamouri) possèdent des pouvoirs qui les dépassent et qui leur valent d’être pourchassées et menacées par les hommes comme par les Mages. Car la magie est parfois sa propre ennemie, c’est ce qui mène Johnson et Sheridan, membres du Midnight order (ouvrage collectif, direction Matthieu Bablet), sur les traces de sorcières qui sabordent leur propre force, trop immense pour elles.
Certaines de ces femmes sont physiquement hors norme, comme la géante Céleste, l’héroïne de Núria Tamarit, et comme l’ogresse Tempérance, imaginée par Stéphane Fert. Elles sont les clés de voûte du récit, toutes deux à la recherche de leurs origines, de leur place dans le monde : elles nous embarquent dans leur quête existentielle.
La complicité avec la vie sauvage participe à la construction d’une image négative de ces femmes marginalisées. Brunehilde, la meneuse de loups de La Voix des bêtes, la faim des hommes (Thomas Gilbert), et Joana, Opa et Tala, qui côtoient la Louve Boréale (Núria Tamarit), affrontent sous la protection des loups, la folie destructrice des hommes.
Enfin, les esprits troublés, dans leur quête d’apaisement, se tournent parfois vers les croyances magiques. C’est ce que nous confie Bea Lema dans ses Maux à dire. Sa mère a affronté seule sa maladie psychique durant des années, faisant appel comme elle le pouvait au magique et au religieux pour espérer une guérison. C’est la bienveillance de sa fille qui permettra de poser un diagnostic et qui la sauvera enfin des griffes de ses visons cauchemardesques.
C’est sous le signe de cette attention à l’autre et au vivant dans son entier, qu’est placée Signadore, celle qui brise le mauvais sort et rétablie un équilibre vertueux dans l’univers.

La scénographie est signée Raphaël Lerays.