Centre Culturel Una Volta

Élève aux Arts Déco de Strasbourg, Jérôme Dubois doit partir en voyage d’études au Japon, qu’il a toujours rêvé de visiter. Les circonstances en décident autrement. Avec ses camarades, il se retrouve en Corée : le séjour se passe mal. Revenu en France, Jérôme tente de se purger d’un malaise profond en dessinant une histoire basée sur son expérience… Ce sera Jimjilbang (Cornélius, 2014) dans lequel le héros affiche peur et dégoûts à travers une Corée lavée de ses couleurs. En 2017, il récidive avec Tes Yeux ont vu : dissimulé derrière les bandelettes qui ont fait de lui une momie, un homme s’anime peu à peu et libère sa vision. Au croisement de Mary Shelley et Gustav Meyrink, cette histoire s’inspire de la figure du Golem pour mieux interroger la fugacité des choses. Dans Bien normal (Cornélius, 2018), les poncifs que sont la candeur de l’enfance, les miracles de la technologie, l’émancipation par le travail et la fugacité de l’existence, sont consciencieusement réduits en bouillie.

Avec sa dernière création, le dyptique Citéville / Citéruine (Cornélius / éditions Matière, 2020), Jérôme Dubois montre un espace urbain déshumanisé : Citéruine est une ville désolée, vidée de ses habitants, usée par le temps et l’abandon — Guerre ? Épidémie ? Génocide ? Elle est le reflet parallèle, le reste ou le cauchemar d’une ville possible, d’une grande ville étale sans centre ni périphérie, une mégalopole postindustrielle et surpeuplée qui a ou qui a eu pour nom Citéville…